Domenica 22 aprile 2018 – San Leonida
IN MEMORIAM
LA SCOMPARSA DI JEAN FLORI
Se n’è andato quasi in punta di piedi, a 82 anni, dopo una lunga malattia sopportata con grande forza. Per me, un’irrimediabile perdita. Jean Flori era un Mestro. I suoi studi sulla cavalleria medievale e sulle crociate restano un punto di riferimento irrinunziabile per gli specialisti di tuto il mondo. Ma era anche un fratello carissimo. Non dimenticherò mai, e non cesserò mai di essergli grato per questo, la decisione, la franchezza e l’autorevolezza con la quale s’impegnò anni fa a difendere il mio Alle radici della cavalleria medievale da attacchi che gli erano stati mossi e che riguardavano non il suo valore scientifico (che venne discusso ma riguardo al quale il giudizio dei colleghi – forse troppo generosi e indulgenti – fu ampiamente positivo) bensì alcuni aspetti « ideologici » del suo assunto. Jean sapeva benissimo di mettersi contro, assumendo la posizione che assunse, i fautori e i seguaci di un politically correct che vantava illustri esponenti accademici, qualcuno estremamente vendicativo. Non esitò a mettersi in gioco : altri lo fecero, e lealmente, e con coraggio : ho reso loro omaggio nella più recente edizione del libro (Il Mulino). Ma, fra tutti, Jean fu il più deciso e il più generoso. La sua severa etica cristiana imponeva a lui, studioso valorosissimo delle istituzioni cavalleresche, di onorare la massima del Libro di Giobbe : Militia est vita hominis super terram.
Il mondo degli studi non gli ha ancora reso gli onori dovutigli. C’impegneremo con decisione affinché ciò avvenga al più presto e nel modo più conveniente rispetto alla sua grandezza di studioso. Poi, c’era e rimane quella di uomo integerrimo, rispetto alla quale nullum par elogium.
Credo che molti gradiranno un suo sintetico profilo biobibliografico. Ecco quello uscito da poco, in lingua francese.
JEAN FLORI. UN PROFILO BIBOBIBLIOGRAFICO
Jean Flori, historien médiéviste, Docteur d’Etat es Lettres et Sciences Humaines, Directeur de Recherches au CNRS, est né à Lillebonne le 07/04/1936. Après des études d’ingénieur en Electricité-Mécanique à Paris (Ecole Bréguet, EBP). il se tourne vers la théologie, puis vers l’Histoire, sa véritable vocation.
En 1975 il se fait connaitre dès avant sa thèse par la publication de plusieurs articles de sémantique remettant en cause ce que l’on croyait savoir du concept de chevalerie par l’étude statistique du sens des mots désignant en latin et en ancien français les chevaliers et la chevalerie, la signification du rite d’entrée dans la chevalerie (l’adoubement), le sens idéologique et social de la remise des armes, etc. Ces articles confirment et concilient à la fois les thèses jusqu’alors rivales des deux plus grands spécialistes de ce sujet, Léopold Génicot et Georges Duby.
Sa thèse de doctorat d’Etat, intitulée “Chevalerie et idéologie chevaleresque. Etude de la formation du concept de chevalerie jusqu’au début du XIIIe siècle”, a été soutenue à Paris I (Panthéon Sorbonne) le 22 juin 1981, devant un jury présidé par Georges Duby, regroupant deux spécialistes de l’Histoire d’une part (Robert Fossier et Pierre Riché) et de la Littérature d’autre part (Jean-Charles Payen et Jean Dufournet). Cette thèse fut publiée en deux volumes par les éditions Droz à Genève en 1983 sous le titre “L’idéologie du glaive, préhistoire de la chevalerie”, préface de Georges Duby, et en 1986 sous le titre “L’Essor de la chevalerie, XIe-XIIe siècles”, préface de Léopold Génicot.
Elu Directeur de Recherches au CNRS et incorporé au Centre d’Etudes Supérieures de Civilisations Médiévales de Poitiers (CESCM), Jean Flori fut peu après détaché du CESCM au Centre d’études de l’université Mohammed V de Rabat, (l’équivalent Marocain du CESCM), pour y étudier avec des historiens marocains les rapports entre l’islamité et la chrétienté au Moyen Age, en particulier jusqu’à l’époque des croisades. Revenu à Poitiers en 1992, il poursuivit cette recherche des relations conflictuelles de la chrétienté avec son opposant majeur, et s’attacha à préciser les différents aspects de cette rivalité entre ces deux mondes. Poursuivie depuis lors jusqu’à sa mise à la retraite en 2001, cette étude donna lieu à la publication d’une cinquantaine de livres (sans compter leur traduction en plusieurs langues) et d’une centaine d’articles d’érudition qui sont ici présentés dans le site qui récapitule et illustre sous forme de photographies l’ensemble de ses travaux.
Ouvrages
L’Idéologie du glaive. Préhistoire de la chevalerie, Genève, (éd. Droz), 1983, 205 p. (préface de Georges Duby).
L’Essor de la chevalerie, XIe et XIIe siècles, Genève, (éd. Droz), 1986, 416 p. (préface de Léopold Génicot).
La Première Croisade. L’occident chrétien contre l’Islam, Bruxelles, (éd. Complexe), 1992, 290 p., (2e ed. 1997, 3e éd. 2001) (ISBN 2-87027-436-X).
La Chevalerie en France au Moyen Âge,Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », n° 972, 1995, 128 p. Traduit en polonais (1999) et en japonais (2000).
Chevaliers et chevalerie au Moyen Âge, Paris, Hachette, coll. « La Vie quotidienne » 1998, 307 p. (2e édition : 2004) (ISBN 2-7028-1905-2) Traduit en italien (1999), en espagnol (2001), en polonais (2003), en russe (2006), en tchèque (2008).
La Chevalerie, Paris, (éd. Gisserot), 1998, 128 p. (ISBN 2-87747-345-7) Traduit en espagnol (2001), en italien (2002), en portugais (2005), Louvain, (éd. De Boeck-Wesmael), 1998, 433 p. (ISBN 2-8041-2792-3)
Brève histoire de la chevalerie,Gavaudan, (éd. Fragile), 1999 Traduit en anglais (1999).
Pierre l’Ermite et la première croisade, Paris, (éd. Fayard), 1999, 647 p. ; prix Histoire et sociologie de l’an 2000 de l’Académie française (ISBN 2-213-60355-3)Traduit en espagnol (2006).
Richard Cœur de lion, le roi-chevalier,Paris, (éd. Payot), 1999, 597 p. (ISBN 2-228-89272-6) Traduit en italien (2002 et 2006), en espagnol (2002), en anglais (2004).
La Guerre sainte. La formation de l’idée de croisade dans l’Occident chrétien, Paris, (éd. Aubier-Flammarion), 2001, 406 p. (ISBN 2-7028-4475-8) Traduit en italien (2003), en espagnol (2003).
Les Croisades, Paris, (éd. Gisserot), 2001, 124 p. (ISBN 2-87747-542-5) Traduit en italien (2003).
Philippe Auguste, la naissance de l’État monarchique, Paris, (éd. Tallandier), 2002, 159 p. (2e édition en 2007)
Guerre sainte, jihad, croisade. Violence et religion dans le christianisme et l’islam,Paris, 2002 (éd. du Seuil, coll. « Point Histoire ») n° H 309, 333 p. (ISBN 2-02-051632-2) Traduit en espagnol (2004), en roumain (2003), en arabe (2004).
Aliénor d’Aquitaine. La reine insoumise, Paris, (éd. Payot), 2004, 544 p. (ISBN 2-7028-9418-6) Traduit en espagnol (2005), en Anglais (2007).
L’Islam et la fin des Temps. L’interprétation prophétique des invasions musulmanes dans la chrétienté médiévale, Paris, (éd. du Seuil), 2007, 444 p. (ISBN 978-2-286-02979-1)
Bohémond d’Antioche, chevalier d’aventure, Paris, (éd. Payot), 2007.
La Croix, la tiare et l’épée, Paris (éd. Payot), 2007.
La Fin du monde au Moyen Âge,Paris, (éd. J-P Gisserot), 2008, 128 p.
Les Croisades, Paris (éd. Le Cavalier bleu), 2009, coll. « Idées reçues » .
Chroniqueurs et propagandistes. Introduction critique aux sources de la Première Croisade, Genève (éd. Droz), 2010.
Prêcher la croisade. Communication et propagande, XIe – XIIIe siècles, Paris (éd. Perrin), 2012.